Elles polluent plus qu'on vous l'a fait croire


Les voitures PHEV sont-elles vraiment plus respectueuses pour l’environnement ? Pas du tout à en croire l’étude d’une ONG.

Présentée par les constructeurs automobiles comme une solution alternative au moteur thermique et une voie de transition progressive vers le tout électrique, la voiture hybride rechargeable serait en réalité désastreuse pour l’environnement. Selon une étude menée par l’ONG Transport & Environnement, l’impact écologique des voitures hybrides rechargeables (PHEV) aurait été complètement sous-évalué. L’ONG s’est associée à l’université de Graz pour démontrer que la consommation et la pollution induites par les PHEV serait nettement supérieures aux chiffres des constructeurs et à leur homologation WLTP.

Concrètement, une voiture hybride rechargeable est un véhicule thermique classique dans lequel ont été intégrés un moteur électrique ainsi qu’une batterie, généralement bien plus petite que celle des voitures 100 % électriques. Ce savant mélange permettrait de rouler en mode zéro émission, en ville, sur 40 à 80 km selon les modèles, tout en profitant du réservoir essence ou diesel de la voiture lorsqu’il s’agit d’allonger le parcours. En théorie, cette solution semble idéale, au moins le temps nécessaire pour les voitures électriques disposent d’une autonomie capable de concurrencer celle des voitures thermiques. Cette technologie a également été validée par le WLTP, l’organisme officiel européen permettant de mesurer les consommations de carburant et d’homologuer la consommation des véhicules. Ainsi, grâce à ce subtil procédé, certaines grosses cylindrées, particulièrement polluantes en temps normal, se voyaient attribuer une note plus qu’encourageante dès lors qu’elles passaient en hybride. Il n’est d’ailleurs pas rare d’observer des consommations théoriques comprises entre 2 et 3 L/100 km, homologuées selon le cycle WLTP.

Une étude de cas réaliste ?

C’est cette partie du magnifique tableau présenté par les PHEV que conteste l’ONG Transport & Environnement. Elle a donc testé trois véhicules hybrides rechargeables disponibles sur le marché, selon une procédure d’essai plus proche de la réalité d’usage. Les trois modèles concernés sont :

Le premier enseignement de l’étude publiée par l’ONG en partenariat avec l’université, est que les autonomies en « full électrique » annoncées par les constructeurs sont très optimistes. Sur les trois véhicules testés, seule la Mégane parvient à réaliser les 48 km annoncés par Renault. Les résultats sont nettement plus décevants pour la BMW (41 km réalisés pour 56 km théoriques) et surtout la Peugeot 308 (34 km parcourus sur les 63 km annoncés).

Des émissions de CO2 catastrophiques

Mais la consommation électrique n’est pas le plus grand souci des hybrides rechargeables. Celles-ci tricheraient de manière éhontée sur leurs émissions de CO2. En effet l’ajout d’un moteur et d’une batterie électriques permet aux voitures PHEV d’afficher un niveau d’émissions très bas par rapport à une simple voiture thermique. Cette valeur permet par ailleurs aux constructeurs de contourner les divers malus écologiques tout en vendant des véhicules aussi polluants que leurs équivalents thermiques (lorsqu’ils ne roulent pas en 100 % électrique). L’ONG pointe du doigt un tour de passe-passe qui permet d’annoncer, homologation WLTP à l’appui, un score de 27 à 36 g/km pour les trois véhicules testés. Or, selon l’organisme, la réalité des émissions serait cinq à sept fois supérieure. Ainsi, dans son protocole de test, l’ONG mesure des niveaux de pollution nettement moins reluisants : 204 g/km de CO2 pour la BMW 330e (annoncée à 36 g/km), 197 g/km pour la Peugeot 308 (contre 27 g/km en théorie) et 138 g/km au lieu de 30 g/km pour la Renault Megane.

En conséquence, Transport et Environnement estime que les voitures hybrides rechargeables sont beaucoup plus polluantes que ce qu’elles prétendent, que leurs constructeurs ne devraient pas pouvoir compter sur des subsides publics pour faciliter leur commercialisation. En France, jusqu’au 31 janvier dernier, les voitures hybrides rechargeables bénéficiaient d’un bonus écologique de 2 000 euros.

Mais plus que tout, l’ONG plaide pour une modification du cycle d’homologation WLTP qui constitue selon elle le nœud du problème. Les constructeurs ont adapté le comportement de leurs moteurs pour qu’il réponde au mieux aux exigences des tests WLTP et qu’il obtienne les meilleures notes. Inversement, le protocole de l’ONG a démontré que ces mêmes véhicules, mis dans des conditions différentes pouvaient polluer bien davantage. En réalité, cette donnée est difficile à déterminer dans la mesure où elle dépend fortement de l’utilisation qui est faite du véhicule. Un propriétaire de PHEV consciencieux pourra, par exemple, rouler des mois entiers sans utiliser une goutte de carburant s’il se contente de petits trajets et qu’il recharge sa batterie régulièrement.
Pour autant, il semble évident que l’impact écologique des voitures hybrides rechargeables a été sous-évalué et que le cycle WLTP n’est pas un indicateur fiable. Transport et Environnement n’est pas la seule à dénoncer cette irrégularité. Quant aux consommateurs, ils semblent déjà se détourner du PHEV, passé désormais derrière le 100 % électrique dans les chiffres de ventes.

Source : Transport & Environnement



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